Depuis quelques années, les cas de locataires de la plateforme Airbnb filmées à leur insu se sont multipliés sur les réseaux sociaux. Pourtant, la réponse légale à ces dérives demeure assez floue. Notre conciergerie AirBNB de la Rochelle vous détaille tout ce qu’il faut savoir au sujet de la règlementation.
Les témoignages ne cessent de se multiplier. De plus en plus de locataires se plaignent d’avoir été observées et filmées à leur insu. C’est, hélas, l’une des dérives du système de location d’hébergements de particuliers en ligne, incarné par son acteur majeur Airbnb. Les plateformes ne peuvent pas vérifier jusqu’au moindre centimètre carré les logements mis à disposition, et, malgré les garanties mises en place, certains hôtes peu scrupuleux dépassent parfois les limites. C’est ainsi que de nombreuses histoires racontant comment certains utilisateurs ont découvert des caméras cachées dans leur location ont été relayés sur la toile. Évidemment, si ces histoires n’ont fait qu’alimenter la paranoïa, n’oublions pas qu’elles ne recensent pas une généralité, mais bien des situations exceptionnelles.
Par exemple, dans un témoignage recueilli par Libération, une jeune femme a offert une nuit à son mari dans une petite commune de l’Allier. Six mois plus tard, elle a eu la surprise de recevoir une convocation de la gendarmerie, l’informant que l’individu qui louait le logement avait dissimulé plusieurs caméras dans ce dernier. Elle a alors déposé plainte comme de nombreux autres locataires, ce qu’elle a découvert plus tard. « Les gendarmes nous ont identifiés sur plusieurs vidéos. J’ai pleuré quand je me suis vue nue sortant de la douche », témoignait-elle dans Libération. Le propriétaire voyeur sera reconnu coupable « d’atteinte à l’intimité de la vie privée » en mai 2021, condamné à douze mois de prison avec sursis et interdit d’exercer durant cinq ans toute activité professionnelle liée à l’hôtellerie. « Des histoires comme celle-ci, on en compte plusieurs centaines, déplore Eva Roger, directrice de notre conciergerie airbnb La Rochelle. Elles restent certes minoritaires mais on ne doit rien laisser passer ».
Caméras dans les locations saisonnières : légal ou pas ?
Avant de vous plaindre de la présence d’une caméra dans un logement loué pour les vacances, sachez qu’un hôte peut en installer sous certaines conditions. L’hôte doit informer la présence de caméras de surveillance et celles-ci ne peuvent pas être dans les chambres ni salles de bain. AirBNB l’indique clairement sur son site, seuls les « dispositifs divulgués surveillant uniquement les espaces publics et communs » sont autorisés. Cela inclut donc « les dispositifs qui permettent de visualiser ou de surveiller uniquement un espace public (par exemple, une porte d’entrée ou une allée) ou un espace commun, et qui sont clairement identifiés et divulgués avant une réservation, sont autorisés. Les espaces communs ne comprennent pas les espaces de couchage ni les salles de bains. » Si la présence de caméras n’est annoncée qu’après la réservation, plusieurs plateformes autorisent l’annulation de la réservation avec remboursement. Des pénalités pour violation de la vie privée peuvent également être imposées.
En revanche, l’entreprise américaine n’autorise pas « les dispositifs cachés et non divulgués surveillant les espaces communs ». AirBNB explique en effet que « tout dispositif de surveillance dans un espace commun doit être installé de manière visible et divulgué dans la description du logement ». Et surtout, la plateforme de location saisonnière interdit les dispositifs de surveillance situés dans des pièces privées : « les dispositifs ne doivent jamais surveiller les pièces privées (telles que les chambres à coucher, les salles de bain ou les parties communes qui sont utilisées comme espaces de couchage, comme un salon avec un canapé-lit). Les dispositifs déconnectés sont autorisés à condition qu’ils soient éteints et divulgués à l’avance aux voyageurs ». Ainsi, si vous remarquez une caméra cachée dans votre logement qui n’a pas été mentionnée, vous devez contacter immédiatement AirBNB afin de signaler l’incident.
Caméras cachées dans une location AirBNB : quelles sanctions ?
Malheureusement, la justice n’est pas toujours à la hauteur, notamment en France. Malgré de nombreux cas constatés, très peu aboutissent à de la prison ferme. Pourtant, l’article 226-2-1 du Code pénal pose le principe d’une condamnation possible jusqu’à 2 ans d’emprisonnement et 60 000 euros d’amende, dans le cas où un hôte est condamné pour avoir capté illégalement des images de personnes nues. L’arsenal légal semble insuffisant. Par exemple, en avril 2017, un individu de 36 ans fut condamné à trois mois de prison avec sursis pour avoir filmé plusieurs femmes nues, à leur insu, dans son logement mis en location sur Airbnb. En 2018, c’est un homme d’une soixantaine d’années qui se faisait épingler en louant son appartement à des Colombiennes et à des Russes sous couvert du programme Erasmus. Puis en 2020, un individu de 59 ans fut condamné pour avoir caché une caméra dans sa salle de bain, qui a vu passer 159 voyageurs sur une période de deux ans. En France, difficile de trouver des chiffres sur cette délinquance numérique. Les dernières données remontent à 2017, avec 857 infractions de ce type enregistrées sur cette seule année.
Comment détecter des caméras cachées dans votre location saisonnière ?
Si malgré vos vérifications et les réponses données par le propriétaire vous éprouvez un jour des soupçons vis-à-vis d’un hôte, d’un objet trônant dans votre chambre, une petite vérification permet d’être rassuré pour de bon et de profiter du séjour. Il existe quelques façons de savoir, plus ou moins, s’il y a des caméras cachées dans votre lieu de vacances. Les lieux principalement concernés sont la chambre et la salle de bain, lieux d’intimité. Les endroits ayant une vue sur le lit par exemple, comme des meubles, peuvent dissimuler des caméras. Pour la salle de bain, vérifiez les interrupteurs, sous le lavabo, et au-dessus de la douche. Si rien ne semble suspect après une inspection rapide, c’est un bon signe.
Au-delà des simples indices visuels, il est possible d’utiliser d’autres façons de détecter d’éventuelles caméras. Premièrement, la technique de la lampe torche. Assurez-vous d’être dans une pièce sombre, puis utilisez une lampe torche pour éclairer les endroits sur lesquels vous portez vos soupçons. Ainsi, l’objectif d’une caméra, très réfléchissant, devrait briller davantage qu’un simple verre sous la lumière d’une lampe torche. Autre technique, le réseau Wi-Fi, tout simplement. En effet, la plupart des caméras de surveillance sont connectées au Wi-Fi et peuvent être visibles en recherchant des appareils Wi-Fi. N’hésitez pas à faire un tour dans vos réglages afin de voir si un appareil suspect au nom évocateur ne s’y trouverait pas. Si vous trouvez une caméra connectée au même réseau Wi-Fi que vous avez fourni par l’hôte, soyez vigilant.
Ces méthodes simples devraient vous permettre de vérifier rapidement et simplement si une caméra rode dans les parages, en cas de doute. Néanmoins, n’oubliez pas que ce type de mésaventure reste exceptionnel, et qu’il convient de ne pas sombrer dans la paranoïa. « Si jamais vous veniez réellement à dénicher une caméra cachée, contactez immédiatement le service client de la plateforme afin d’obtenir un remboursement et d’avoir une chance que le logement soit rapidement retiré de la location, alerte Eva Roger, directrice de l’agence YourHostHelper de La Rochelle. Vous seriez également en droit d’avertir la police, et de rédiger une déclaration pour « atteinte à la vie privée » ».